novembre 24, 2005

TES- C'est l'actualité qu'il faut suivre : la hausse des taux et le financement de l'investissement.



Que pensent les entreprises françaises d'une hausse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) qui pourrait intervenir le 1er décembre ? D'ores et déjà, et par anticipation, les taux d'intérêt à long terme en France — ceux qui touchent directement le financement des entreprises — ont commencé à remonter. Mais, d'une certaine manière, la hausse des taux pourrait plus mal tomber. Après une année 2004 souvent très bénéficiaire, en tout cas pour les groupes du CAC 40, les entreprises se sont, en effet, considérablement désendettées. (…). Qui plus est, la hausse des taux ne renchérirait la charge de la dette que pour la partie du financement contractée à taux variable.

"Etant endetté pour moitié à taux fixe et pour moitié à taux variable, une hausse des taux de la BCE aurait, tout d'abord, mécaniquement un effet financier désagréable", indique Sylvain de Forges, directeur des opérations financières chez Veolia, qui reste très endetté, à hauteur de 10 milliards d'euros en 2004.

Chez le groupe hôtelier Accor, qui a réduit son endettement depuis trois ans, Jacques Stern, le directeur financier, ne redoute pas la hausse des taux de la BCE : "Une augmentation d'un demi-point augmenterait les frais financiers de 5 millions d'euros, à rapporter à un objectif de résultat courant avant impôt 2005 de 590 à 610 millions d'euros."

Quant aux entreprises en situation de trésorerie excédentaire, comme l'assureur AGF, elles n'ont aucune raison de s'inquiéter. "Une hausse des taux courts pourrait être très marginalement positive, car nous plaçons plus d'argent que nous n'en empruntons", estime son directeur général, Laurent Mignon.

Reste à voir quelles seraient les conséquences d'une hausse des taux sur les projets d'avenir des entreprises. "Une augmentation du coût de financement nous rendrait évidemment plus sélectifs sur nos futurs projets d'investissement", explique M. de Forges.

"Certaines entreprises des industries des biens intermédiaires et des biens de consommation se sont endettées pour financer leur croissance externe", note la Banque de France dans son bulletin. (…) Cela revient aujourd'hui moins cher aux entreprises de s'endetter à bas taux que d'augmenter leur capital et de rémunérer leurs nouveaux actionnaires. L'agence d'information financière Bloomberg a calculé que les financements d'acquisition représentent cette année 29% du montant total des crédits bancaires accordés aux entreprises, contre 16 % en 2004. (…).

Si l'impact d'une hausse des taux varie en fonction de la situation des entreprises, elles sont en revanche assez unanimes pour juger que la conjoncture ne justifie pas une hausse des taux. Que leur activité soit cyclique ou non, elles ne voient pas de signaux inflationnistes — ceux qui motiveraient la décision de la BCE et de son patron, Jean-Claude Trichet. Elles mentionnent que leurs marges sont déjà extrêmement tirées, en raison de la concurrence internationale, et qu'elles ne peuvent pas augmenter leurs prix, et par conséquent transmettre de l'inflation.

Henri Lachmann, PDG de Schneider Electric, précise : "Nous avons du mal à répercuter partiellement la hausse des matières premières dans les prix de nos produits. Jean-Claude Trichet se trompe d'ennemi : l'adversaire n'est pas l'inflation mais plutôt le chômage, qui est la conséquence d'une croissance insuffisante. Or, en montant les taux d'intérêt, la BCE va pénaliser la croissance et l'emploi." Philippe Houzé, président des Galeries Lafayette, ajoute que "certes la vague de désinflation est derrière nous, et il faut prévenir tout risque de surchauffe, mais la consommation se tient finalement bien, et il faut veiller à ne pas l'enrayer".

Source : « La hausse des taux n'effraie pas les entreprises », Art in Le Monde du 22 novembre 2005.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-712929@51-701179,0.html
Adèle lisant le matin, par J. Tardi : http://www.casterman.com/adele/fr/index.htm
QUESTIONS A TRAITER :

1- Pourquoi ce sont les taux d’intérêt à long terme qui affectent le financement de l’investissement ? (phrase soulignée).
2- Recherchez un synonyme de « charge de la dette » (en gras).
3- Les entreprises sont-elles toutes égales devant cette hausse des taux à venir ? Qu’est-ce qui apparaît déterminant dans leur manière de l’envisager ?
4- L’endettement bancaire sert-il toujours à la croissance interne des sociétés ?
5- Qu’est ce qui justifie cette hausse des taux selon la Banque centrale européenne ?
6- Quel est le raisonnement que lui opposent les deux PDG interrogés ?

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