mars 03, 2006

L'Egalité des possibles.

Quelques précisions sur cette piste d'approfondissement que représente "l'égalité des possibles" proposée par Eric Maurin dans L'égalité des possibles : la nouvelle société française,Seuil, 2002. Quelques pages de l'ouvrage

Sa proposition : Redéfinir les politiques sociales à partir d’une « égalité des possibles » qui donne la priorité à l’égalisation des processus de constitution des personnes plutôt qu’à celle des conditions.

Son constat : les emplois sont devenus plus fragiles et plus instables, et la nouvelle condition salariale requiert davantage des personnes individualisées (degré d'implication requis plus important, logique de compétences dont l'individu est le porteur...). Conséquence : affaiblissement du sentiment d'appartenance de classe, moins de référence à un cadre collectif.

Pour autant « La demande de sécurité, de fraternité et de justice sociale n’est pas moins forte (...). Pour emporter l’adhésion, les politiques sociales doivent désormais davantage s’adresser aux personnes, un peu moins aux catégories de travailleurs, sauf à prendre le risque d’être perçues comme aliénantes ».

Le potentiel politique d’un projet d’égalité des possibles est d’autant plus réel qu’il y a encore aujourd’hui des différences considérables dans les destinées sociales auxquelles chacun peut prétendre, des différences considérables dans l’expérience que chacun peut faire de sa liberté. (...). Les différences dans l’usage que chacun peut faire de sa liberté ne sont pas uniquement dues au fonctionnement du système éducatif et à l’inégale proximité des parents avec l’institution scolaire. Elles sont également, et peut-être même avant tout, la conséquence des inégalités de niveaux de vie et de conditions de logement entre les familles dans lesquelles on grandit. Donner à chacun le même potentiel, la même liberté, peut ainsi impliquer un projet de redistribution en direction des familles les plus pauvres bien plus ambitieux et global qu’une nouvelle et énième réforme du système éducatif. »

Autrement dit, l'auteur nous dit prenons acte que nous sommes devenus des individus dotés d'autonomie (émancipé l'individu a le pouvoir de choisir ses appartenances, ses orientations...), mais prenons également acte que certains peuvent s'épanouir comme individus plus que d'autres davantage soumis aux nécessités pour élaborer des politiques sociales visant l'égalité des possibles, aidant les personnes à se réaliser comme être autonomes et différenciés.


Sur ce point intéressant qui permet de concilier individualisme et politiques publiques, on peut voir également:
F De Singly, l'individualisme est un humanisme, L'Aube éditions, 2005.

« L'individualisme n'a de sens que si cet idéal n'est pas réservé aux seules personnes disposant des ressources suffisantes (...). Ainsi conçu l'individualisme est donc intrinsèquement politique, (...) puisqu'il doit créer les conditions autorisant tout individu, quelles que soient sa couleur, sa nationalité, son origine sociale, son genre, son âge, à avoir le droit d'être un homme (au sens des droits de l'homme). Au même titre que les autres, afin paradoxalement d'être soi-même » écrit De Singly.

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