janvier 11, 2007

La grève n'a jamais été un sport national français.


Photographie que j'ai prise à Besançon lors du mouvement anti-CPE. Pour les non-bisontins la pierre bicolore que vous avez sous les yeux est typique de chez nous.


Thème : Conflits sociaux.

Encore un mythe qui s'effondre...

Si l'on en croit Ian Eschstruth (sociologue) qui a analysé les résultats de 7 travaux de chercheurs en sciences sociales sur la question, ce n'est que dans les médias que la France apparaît comme la championne de la conflictualité sociale (les grévistes renvoyés à l'animalité de l'expression de leurs revendications "grognent" et "paralysent" illégitimement le pays alors "pris en otage" selon les poncifs consacrés) parce que dans la réalité...



L’indicateur utilisé dans chacun des cas est le nombre de journées individuelles non travaillées (JINT) rapporté à 1 000 salariés. C’est l’indicateur jugé le plus pertinent à des fins de comparaison.


Classement par taux de grève décroissant (1970-1993).



Classement par taux de grève décroissant (1984-1993).



Classement par taux de grève décroissant (1998-2004).



"Pour la première fois, de nombreux pays de l’Europe de l’Est font leur apparition : la Hongrie, la Roumanie, la Slovénie, l’Estonie, la Pologne, la Lituanie et la Slovaquie. Ce sont des pays dans lesquels la conflictualité est particulièrement faible. Cela explique que la France remonte dans le classement : elle est en 10e position sur 25 (donc dans la moitié qui fait le plus grève). Elle conserve malgré tout un taux de grève inférieur à la moyenne européenne (37 journées individuelles non travaillées pour 1 000 salariés contre 43)."

Source des graphiques : Existe-t-il une spécifité française en matière de grève ? Intervention de Ian Eschstruth au séminaire d'histoire sociale du travail, juillet 2006.

Un article plus court que cette étude disponible ici : La France, pays de grèves ?

Les conclusions de cette étude :

1- "Il est clair que la grève, qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, ne peut pas être considérée comme un « sport national français ». Tout au long du XXe siècle, la France est globalement restée dans la moyenne basse des pays industrialisés.

2- La « culture de la négociation » n’implique pas forcément une « faible intensité conflictuelle ». La « culture de la négociation », tant vantée par les médias, n’empêche pas, loin s’en faut, les conflits sociaux. Le fait de négocier avant n’empêche pas de faire grève. (...) Les pays scandinaves sont relativement conflictuels.

3- Et, à l’inverse, la « culture de la confrontation » (tant décriée par les médias français) n’engendre pas automatiquement une « forte intensité conflictuelle ».

Le pourquoi du caractère obligatoire de cette dramatisation de la démocratie sociale dans les médias en France au mépris des réalités reste à interroger.


Travail guidé :
Observez le prochain conflit social qui sera rapporté dans les médias.
1- Collectez plusieurs articles de source différente.
2- Repérez les termes utilisés pour qualifier le conflit et ses acteurs.
3- L'opposition culture de la négocation / culture de la revendication apparaît-elle ?
4- Quelles sources statistiques citées pour qualifier l'ampleur de la mobilisation ? Pour la mettre en perspective ?

Libellés :