Pauvres Femmes.
Thème : Journée de la Femme.
La pauvreté est-elle trop féminisée pour être choquante ?
Si vous faites une recherche dans un moteur de recherche spécialisé statistiques, vous pourrez constater que la pauvreté féminine renvoie énormément à des papiers traitant de pays d'Afrique. La pauvreté au féminin c'est donc en Afrique ?
Et en France ? "Les femmes ne sont pas pauvres car elles travaillent, Monsieur" ?
Souvent pour la France et l'Union Européenne, la situation de pauvreté des femmes est associée à la monoparentalité qui est en effet un facteur de fragilité pour les moins qualifiées d'entre elles, mais cette association fréquente laisse aussi à penser que leur pauvreté est liée à leur vie familiale et ne devrait rien à leur rapport à l'emploi ! Or ce qui fait la pauvreté des femmes (INSEE) c'est d'abord le strapontin que bien trop souvent elles occupent dans l'emploi (Observatoire des Inégalités) .
La pauvreté est-elle trop féminisée pour être choquante ? C'est la question que se pose donc M. Maruani d'une façon qui n'a malheureusement même pas à être provocatrice, car elle se pose voilà tout.
clic droit puis lecture. 4'45"
4 salariées racontent leurs difficultés dans le journal La Croix.
Pour accéder à la suite de la réflexion avec une autre vidéo :
Prolongement : Vers une paupérisation du salariat féminin ? « En 1998, la France compte un peu plus de 1,6 million de personnes en situation de sous-emploi, dont 1,2 million de femmes et 450 000 hommes. Ce sous-emploi, majoritairement féminin, est en pleine expansion puisque, en l’espace de huit ans, on est passé de 1 million à 1,6 million de personnes concernées. Quant au taux de sous-emploi parmi les emplois à temps partiel, il est passé de 28,6 % en 1991 à 38,5 % en 1998. Trois millions deux cent mille travailleurs pauvres, 1,6 million de personnes en situation de sous-emploi : ces chiffres invitent à sortir le travail à temps partiel d’un débat principalement centré sur l’aménagement du temps de travail. Car, bien au delà du temps et des conditions de travail, il s’agit du salaire et des conditions de vie (…) Dans le meilleur des cas, lorsqu’il est choisi, il prolonge la discontinuité des cycles de vie professionnelle des femmes par des périodes de retrait partiel de l’activité. Dans le pire des situations, quand il est subi, il repousse une partie des femmes actives vers le sous-emploi et la pauvreté. En tout état de cause, il est devenu la figure emblématique de la division sexuelle du marché du travail.» Source : M. Maruani, Travail et emploi des femmes, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2000, pp. 106-107.
Tout ira mieux demain ?
Il serait fort rassurant de se dire qu'il suffit de laisser du temps au temps. Il n'en est rien car la construction sociale des inégalités entre les hommes et les femmes est perpétuellement produite aujourd'hui comme hier, y compris à partir de rien car c'est la force des institutions sociales que de ne pas se conformer au donné. M. Maruani développe ici un exemple édifiant.
La construction sociale des différences 4"34".
Prolongement : « Comment se fait-il que l’essentiel des métiers qualifiés soient masculins alors que la plupart des travaux féminins sont « sans qualité » ? Pour tenter de comprendre ce phénomène, on partira d’un exemple tiré d’une enquête [Maruani et Nicole, 1989] sur le conflit des clavistes d’un quotidien régional (…) Ici donc, pour un travail de valeur égal, tout est inégal. Comment en est-on arrivé là ? Comment des typographes et des dactylos se retrouvent-ils à faire presque le même travail avec des salaires et des qualifications différents ? Cela a pris quinze ans. Quinze ans où, lentement mais sûrement, on a construit la différence entre travail des hommes et celui des femmes, entre la professionnalité des uns et la déqualification des autres (…) Dès leur arrivée en 1969, les premières clavistes sont physiquement isolées, séparées des ouvriers du livre (…) Mais surtout, d’emblée, elles ne travaillent pas sur le même matériel. Les ouvriers du livre l’ont exigé : après avoir fait grève pendant trois jours durant contre l’embauche des clavistes, ils capitulent en échange d’un accord entre le syndicat et la direction qui garantit le monopole des ouvriers du livre sur les matériels qui, à l’époque, étaient perçus comme les plus performant : les photocomposeuses. Dans les deux cas il s’agit bien de « saisir », de taper un texte sur un clavier. Un détail, pourtant, distingue ces deux types de machines. A la différence des claviers simples, les photocomposeuses permettent de justifier les textes (…) La justification deviendra le symbole et l’alibi du métier : les ouvriers du livre sont des professionnels puisqu’ils justifient leurs textes, les clavistes des employées non qualifiées puisqu’elles ne justifient pas.»
Source : M. Maruani, Travail et emploi des femmes, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2000, pp. 48-49.
La situation est-elle donc désespérée ?
Certainement pas car c'est la force des institutions sociales que de ne pas se conformer au donné. Le donné voilà l'ennemi dont il faut se défier car le monde social n'est pas simplement à constater mais à instituer par les femmes et les hommes ensemble.
La pauvreté est-elle trop féminisée pour être choquante ?
Si vous faites une recherche dans un moteur de recherche spécialisé statistiques, vous pourrez constater que la pauvreté féminine renvoie énormément à des papiers traitant de pays d'Afrique. La pauvreté au féminin c'est donc en Afrique ?
Et en France ? "Les femmes ne sont pas pauvres car elles travaillent, Monsieur" ?
Souvent pour la France et l'Union Européenne, la situation de pauvreté des femmes est associée à la monoparentalité qui est en effet un facteur de fragilité pour les moins qualifiées d'entre elles, mais cette association fréquente laisse aussi à penser que leur pauvreté est liée à leur vie familiale et ne devrait rien à leur rapport à l'emploi ! Or ce qui fait la pauvreté des femmes (INSEE) c'est d'abord le strapontin que bien trop souvent elles occupent dans l'emploi (Observatoire des Inégalités) .
La pauvreté est-elle trop féminisée pour être choquante ? C'est la question que se pose donc M. Maruani d'une façon qui n'a malheureusement même pas à être provocatrice, car elle se pose voilà tout.
clic droit puis lecture. 4'45"
4 salariées racontent leurs difficultés dans le journal La Croix.
Pour accéder à la suite de la réflexion avec une autre vidéo :
Prolongement : Vers une paupérisation du salariat féminin ? « En 1998, la France compte un peu plus de 1,6 million de personnes en situation de sous-emploi, dont 1,2 million de femmes et 450 000 hommes. Ce sous-emploi, majoritairement féminin, est en pleine expansion puisque, en l’espace de huit ans, on est passé de 1 million à 1,6 million de personnes concernées. Quant au taux de sous-emploi parmi les emplois à temps partiel, il est passé de 28,6 % en 1991 à 38,5 % en 1998. Trois millions deux cent mille travailleurs pauvres, 1,6 million de personnes en situation de sous-emploi : ces chiffres invitent à sortir le travail à temps partiel d’un débat principalement centré sur l’aménagement du temps de travail. Car, bien au delà du temps et des conditions de travail, il s’agit du salaire et des conditions de vie (…) Dans le meilleur des cas, lorsqu’il est choisi, il prolonge la discontinuité des cycles de vie professionnelle des femmes par des périodes de retrait partiel de l’activité. Dans le pire des situations, quand il est subi, il repousse une partie des femmes actives vers le sous-emploi et la pauvreté. En tout état de cause, il est devenu la figure emblématique de la division sexuelle du marché du travail.» Source : M. Maruani, Travail et emploi des femmes, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2000, pp. 106-107.
Tout ira mieux demain ?
Il serait fort rassurant de se dire qu'il suffit de laisser du temps au temps. Il n'en est rien car la construction sociale des inégalités entre les hommes et les femmes est perpétuellement produite aujourd'hui comme hier, y compris à partir de rien car c'est la force des institutions sociales que de ne pas se conformer au donné. M. Maruani développe ici un exemple édifiant.
La construction sociale des différences 4"34".
Prolongement : « Comment se fait-il que l’essentiel des métiers qualifiés soient masculins alors que la plupart des travaux féminins sont « sans qualité » ? Pour tenter de comprendre ce phénomène, on partira d’un exemple tiré d’une enquête [Maruani et Nicole, 1989] sur le conflit des clavistes d’un quotidien régional (…) Ici donc, pour un travail de valeur égal, tout est inégal. Comment en est-on arrivé là ? Comment des typographes et des dactylos se retrouvent-ils à faire presque le même travail avec des salaires et des qualifications différents ? Cela a pris quinze ans. Quinze ans où, lentement mais sûrement, on a construit la différence entre travail des hommes et celui des femmes, entre la professionnalité des uns et la déqualification des autres (…) Dès leur arrivée en 1969, les premières clavistes sont physiquement isolées, séparées des ouvriers du livre (…) Mais surtout, d’emblée, elles ne travaillent pas sur le même matériel. Les ouvriers du livre l’ont exigé : après avoir fait grève pendant trois jours durant contre l’embauche des clavistes, ils capitulent en échange d’un accord entre le syndicat et la direction qui garantit le monopole des ouvriers du livre sur les matériels qui, à l’époque, étaient perçus comme les plus performant : les photocomposeuses. Dans les deux cas il s’agit bien de « saisir », de taper un texte sur un clavier. Un détail, pourtant, distingue ces deux types de machines. A la différence des claviers simples, les photocomposeuses permettent de justifier les textes (…) La justification deviendra le symbole et l’alibi du métier : les ouvriers du livre sont des professionnels puisqu’ils justifient leurs textes, les clavistes des employées non qualifiées puisqu’elles ne justifient pas.»
Source : M. Maruani, Travail et emploi des femmes, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2000, pp. 48-49.
La situation est-elle donc désespérée ?
Certainement pas car c'est la force des institutions sociales que de ne pas se conformer au donné. Le donné voilà l'ennemi dont il faut se défier car le monde social n'est pas simplement à constater mais à instituer par les femmes et les hommes ensemble.
Libellés : Inégalités, vidéos
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